05/09/2024 Actu pro
Ces hôpitaux ubiquitaires ou au double nom.

Avec le temps nous avons tous acquis une certaine connaissance sur la localisation des pays, des grandes villes, mais également des hôpitaux et des cliniques. Mais que savons-nous vraiment, notamment sur certains noms d’établissement ? Quoi de mieux qu’un petit quizz pour savoir ce que l’on connait d’un sujet.

 

Question 1 : où se trouve la clinique Avicenne ?

Plusieurs bonnes réponses : Tunis, Constantine, Port Gentil, Fès …Sans parler de l’hôpital Avicenne de Rabat et celui de Paris.

Mais pourquoi ce nom se trouve-t-il si fréquemment donné ?

 

Question 2 : Pourquoi la clinique Averroès et la clinique Ibn Rochd ont la même adresse à Marrakech ?

Car il s’agit de la même clinique.

Mais pourquoi deux noms si c’est le même établissement ?

 

Pour répondre à ces questions subsidiaires il faut revenir à la genèse des hôpitaux : les hospices. Ces structures destinées à donner des soins ont été créés et gérées bien souvent par des religieux. C’est pourquoi il leur a été donné le nom d’un saint (hôpital Sainte Anne) ou de la ville (les fameux hospices de Beaune), voire la référence suprême « l’hôtel Dieu ». Ce dernier est donné au XIII -ème siècle aux hospices qui accueillent les indigents. Paris, Lyon, Nantes…et bien sûr Beyrouth ! Jusqu’en dans les années 70/80 les « bonnes sœurs » officiaient dans les hôpitaux français. De nos jours il reste de cette époque confessionnelle quelques traces dans les noms. Outre les nombreux saints, on peut citer la clinique Bagatelle de Bordeaux, dont le nom complet est « maison de santé protestante de Bordeaux-Bagatelle ».

 

Avec la multiplication des établissements, et leur ouverture sur le monde civil, il a fallu trouver d’autres noms. Aux saints ont alors succédé les scientifiques.

On trouve ainsi de nombreux hôpitaux qui portent le nom de médecins célèbres :

Avicenne (980-1037) considéré à l’époque comme le prince des savants.

Ambroise Paré (1509 -1590) considéré comme le père de la chirurgie moderne.

Xavier Bichat (1771-1802) auteur de la célèbre définition « la vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort »

Dominique-jean Larrey (1776-1842) chirurgien en chef des armées napoléoniennes, qui par sa conception du secours directement sur le champ de bataille est considéré comme le précurseur du SAMU

René Laennec (1781-1826) inventeur du stéthoscope.

Louis Pasteur (1822-1895) est un cas à part car il n’est pas médecin mais chimiste et physicien. Il a mis sur le devant de la scène la microbiologie et a découvert le vaccin contre la rage.

Et bien d’autres encore.

 

Parfois, et on l’a vu dès la deuxième question, certains hôpitaux portent deux noms. Cela amène à une confusion qui disparait rapidement quand on a l’explication. Cela est lié au fait que ces grands noms de la médecine ou parfois vu leur nom « occidentalisé », ou que ces saints ont donné naissances à des congrégations. Sans parler du fait que certains noms peuvent avoir des écritures locales, voire que des établissements changent de nom mais que l’usage fait que les gens gardent l’ancien.

 

Commençons par Avicenne, le prince des savants.

Avicenne, philosophe et médecin persan, est la version occidentale de son vrai nom : Ibn Sina

Il en est de même pour Averroès, né Ibn Rochd de Cordoue, philosophe, théologien, juriste et médecin musulman andalou de langue arabe.

 

Ibn signifiant en arabe classique « descendant de » se trouve également sous la forme Ibnou qui signifie « fils de ». En arabe dialectal, « descendant de » se traduit par « ben ».

 

Si dans le monde occidental on a l’Hôtel Dieu, dans le monde arabo musulman on trouve des havres de paix, ou maisons de la paix : DAR ES SALAM. Dar signifiant la maison.

Suivant les endroits on trouve différentes déclinaisons pour les noms de cliniques : Darsalam / Dar Salaam / Daressalem / Darsalem …voire même Essalam, Essalem

 

Le monde occidental, imprégné par le catholicisme et ses nombreux saints a donné naissance à plusieurs courants appelés « ordres » qui s’établissaient en abbayes, prieurés, couvents …Plusieurs de ces bâtiments ont accueillis des pauvres, des mendiants, des malades et ont finalement été transformés en hôpitaux.

Les Dominicains (de saint Dominique) les franciscains (de saint François d’Assise) les bénédictins (de saint Benoit) sont à l’origine de nombreux établissements de soins. D’où le surnom parfois donné à un établissement, en raison de son origine ou des personnes qui le tiennent. Citons par exemple la clinique Saint François d’Assise de Tananarive, appelée localement la clinique des sœurs franciscaines.

 

De cette petite revue des noms fréquents, il faut retenir qu’il est nécessaire d’être vigilant sur les noms des établissements, leur orthographe, leur surnom éventuel, et bien sûr leur localisation.

Dernier exemple pour résumer : en Tunisie vous trouverez à Zarzis la clinique DAR ESSALEM, à Sousse la clinique ESSALEM, à SFAX la clinique ESSALAMA.

 

Cette problématique de nom concerne aussi les noms civils dont la proximité peut induire en erreur :

Ne pas confondre la polyclinique générale et vasculaire de Tunis, avec la polyclinique cardiovasculaire et générale du lac …à Tunis.

Ne pas confondre non plus la clinique les Oliviers à Sousse, avec la clinique ophtalmologique les Oliviers à Sousse. Deux établissements bien distincts et distants d’au moins 100 mètres, mais si vous saviez le nombre d’appendicites que l’on a fait opérer par les ophtalmos !!! Et bien évidement l’ophtalmo et le chirurgien n’ont pas le même compte bancaire.